De passage à Toulouse pour les fêtes de fin d’année, j’en ai profité pour faire un tour au Musée des Abattoirs, qui proposait, entre autres choses, une expo d’une trentaine d’oeuvres de Picasso. Mais quelle ne fut pas ma surprise, lorsque, dans la cour du musée, je découvris de grandes mosaïques tirées de tableaux de Fernand Léger !
Présentons d’abord le lieu. Le musée tire son nom de son ancienne fonction : ce beau bâtiment de brique rouge, dessiné d’après les plans de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse, abrita les bêtes destinées à la consommation de 1832 à 1988. Presque dix ans plus tard, des travaux de rénovation commençaient pour transformer le lieu en espace d’exposition de collections d’art moderne et contemporain, et en 2000, le musée ouvrit ses portes.
En 2005, eut lieu l’exposition « Léger Monumental », à la suite de laquelle les quelques oeuvres en mosaïque réalisées par l’atelier Heidi Melano entre 1984 et 1993, et situées aujourd’hui à l’extérieur du musée, y restèrent en dépôt. Le visiteur un peu curieux peut donc en profiter en prenant le soleil…
« Trois femmes sur fond rouge ». Cette oeuvre au fond monochrome est représentative de la période mécanique, inspirée du cubisme, de Fernand Léger : les regards sont sans expression, et les formes courbes et soulignées d’un cerne noir des corps attirent le regard.
« La Partie de Campagne ». Rappelant le « Déjeuner sur l’herbe » d’Edouard Manet, Fernand Léger met ici en avant le thème des loisirs et de l’optimisme d’après-guerre. Il rejette à travers sa peinture le rythme trépidant de la modernité : selon lui, l’homme doit « concevoir la vie dans son sens lent et tranquille ».
« La Grande Parade ». Fernand Léger s’est longtemps intéressé au monde du cirque : le travail préparatoire de cette toile a été très long pour trouver sa version définitive en 1945. Les couleurs vives, inspirées des néons new-yorkais, y jouent un rôle prédominant. L’artiste les voit « comme un élément vital comme l’eau et le feu ».
« La Lecture ». Une fois de plus, les corps sont contenus dans des traits noirs et nets, les mains et les visages aux yeux vides, ronds et grossis. Très attiré par le « gros plan » qu’il a découvert dans le cinéma, Léger aime à s’y essayer, quitte à déplaire.
« Marie l’Acrobate ». On retrouve ici le thème du cirque, mais on sent davantage de mouvement. L’ensemble est moins chargé : Léger joue avec les pleins et les vides, le contraste entre le corps blanc de Marie et les formes sombres, la verticalité des objets qui semblent danser dans le vide.
« Les Trois Musiciens ». Cette oeuvre a probablement été créée pour décorer l’estrade d’un bal, que Fernand Léger fréquentait beaucoup à Paris.
« Les Plongeurs Polychromes ». Cette toile fait partie d’une série de dessins et peintures autour du thème des plongeurs. Les appelant parfois « les personnages dans l’espace », Fernand Léger insiste sur la perte de repères spatiaux du regardeur devant les corps en partie immergés : « A qui la tête ? A qui la jambe ? A qui les bras ? Je ne savais plus », dira-t-il.
« Acrobates et Musiciens ». « Allez au cirque. Rien n’est aussi rond que le cirque. C’est une énorme cuvette dans laquelle se développent des formes circulaires. Ça n’arrête pas, tout s’enchaîne. La piste domine, commande, absorbe. […]. Allez au cirque. Vous quittez vos rectangles, vos fenêtres géométriques et vous allez au pays des cercles en action. » (Fernand Léger)
« Les Quatre Acrobates ». Très proche des « Plongeurs Polychromes », cette toile crée la même sensation de perte de repères. On retrouve le mélange des corps, mais cette fois, point de couleurs vives : Léger joue avec les contours, les dégradés, l’ombre et la lumière du noir et blanc.
Bref, une belle découverte ! Si vous passez par Toulouse, surtout ne manquez pas de faire un petit détour par les Abattoirs !
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